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Altawabi's blog II
30 janvier 2008

A rebours (II)

Je voudrais revenir sur cet article du 3 janvier.

A bien le relire, et à bien y réfléchir, tout dans cet article n'a pas de valeur (évidemment - si ça n'a pas été évident depuis le début, cela aurait dû l'être.) Il y a, là dedans, du niais. De la métaphore ridicule, d'une part ; et d'autre part - ou devrais-je dire : surtout -, un aspect "j'escalade l'Himalaya en short et sandales" (copyright M C., mon prof d'histoire de première) plus ridicule encore que mes mauvaises métaphores, et où j'ai cru, à postériori, et à tort, voir l'intérêt de mon texte - texte, rappelons-le, totalement spontané.

Vous l'aurez compris si vous avez lu l'article en question, quand j'évoque l'Himalaya, je fais référence à cette énumération de sujets de questionnement sur lesquels je dis vouloir me (re !)pencher. Je n'en donnerai pas à nouveau la liste - limitons le ridicule ^^. Je ne sais d'ailleurs, à cet égard, si le "Quel programme !" de Ludéla avait quelque chose de moqueur, mais ç'eut été justifié. Stupidité s'il en est que de prétendre s'attaquer à un si grand nombre de questions, et de questions si complexes, dont une seule parfois a suffit à remplir la vie d'un homme autrement plus intelligent que moi ! Pour ma (médiocre) défense, je puis avancer que je ne parlais évidemment pas de résoudre ces problèmes mais bien de les poser - ce qui ne me sauve pas pour autant, car parvenir à poser un problème de manière intéressante et constructive peut également relever du travail de titan. Un peu de modestie s'impose donc (il faut que je me rentre bien ça dans le crâne.)

Mais après cette critique qui me semblait nécessaire, reste un second enjeu : celui de ressituer, dans cet article du 3 janvier, se trouve l'intérêt - car je continue à penser, ou peut-être plutôt à ressentir, qu'il y en a un - même s'il n'est pas là où j'ai d'abord voulu confusément le voir.
Après réflexion, je crois donc que ce texte peut être considéré comme "intéressant" (précisons, d'ailleurs, que s'il a de l'intérêt, c'est sans doute en particulier pour moi plutôt qu'en soi) dans deux de ses aspects - qui d'ailleurs, j'en ai l'impression, se rejoignent en une certaine mesure. Le premier de ces aspects, et le plus évident peut-être, se situe dans l'élan que portent mes derniers mots, et qui à son tour a pour moi quelque chose de porteur : "Eh bien", dis-je, "je relève le défi." Voilà une phrase vivante et résolue, qui procure un enthousiasme décidé, donne du relief au quotidien, l'orne d'un enjeu : il ne s'agit plus de se laisser porter au hasard, sans trop savoir pourquoi, par les jours qui se succèdent ; il s'agit de consacrer la succession de ces jours à un défi : assumer pleinement les conséquences d'un choix antérieur : maintenant que la question du choix ne se pose plus - puisque le choix est fait -, et que ce choix s'avère être de celui d'une voie dans laquelle je disais désirer m'engager, le défi consiste, d'une certaine manière, à s'efforcer de conserver ce désir intact dans sa réalisation. J'ai choisi la voie que je désirais, et assumer ce choix, c'est non seulement continuer dans cette voie, mais aussi, puisque j'ai choisi de suivre mes désirs (et non la petite voix "de la raison" qui chuchotait : "débouchés, débouchés"), de continuer de la désirer - c'est là qu'intervient la difficulté qui rend légitime l'idée de défi : le désir, on le sait, a tendance a s'éteindre dans la réalisation (ou à en vouloir toujours plus, c'est à dire à se porter vers un nouvel objet, se désintéressant donc du premier), ce serait alors un véritable défi que de continuer de désirer ce qui est obtenu. Voilà sans doute ce qu'il faudrait creuser. Ce défi est-il possible à relever, et dans quelle mesure ? Et finalement, ce problème n'est-il pas celui de la vie en général, ou plus précisément de la vie heureuse, puisqu'on entend communément dire que le bonheur, ce serait de désirer être ce que l'on est et avoir ce que l'on a ? Et cette question - fort gnan-gnan, je vous l'accorde ^^- du bonheur peut-elle être épuisée par cet angle d'attaque ? Serait-ce un défi que d'être heureux - dans un sens, sans doute, puisqu'on se rend bien compte qu'on n'y parvient pas si facilement - mais je disais tout à l'heure - ou je le sous-entendais, ou bien je l'ai écrit ailleurs - que c'est justement dans ce défi que devait résider un certain bonheur - le bonheur de Sisyphe chez Camus par exemple, pour en revenir à d'éternelles références... La question finalement est celle-ci, à laquelle je voulais formuler une réponse que je n'avais pas dans l'un des articles que j'ai supprimés, et qui est finalement celle que pose Le Mythe de Sisyphe de Camus : comment articuler défi et bonheur ? - puisque c'est finalement ce que fait Camus, mais cette articulation n'est pas claire (ou alors j'ai mal lu, ce qui est possible aussi.) En quoi cette articulation pose-t-elle problème ? - mais je vais m'arrêter là, répondre à cette question reviendrait à construire une véritable problématique de dissertation (pourquoi la question pose-t-elle problème ?) - il faudra revenir dessus, et tenter peut-être de comprendre, finalement, en quoi ce défi que je me proposais de relever dans mon article du 3 janvier avait quelque chose de salvateur - puique je le ressentais indéniablement comme tel.

Le premier aspect intéressant de mon texte était donc l'élan que portaient, en particulier, ses derniers mots, "je relève le défi" ; élan qui à son tour avait quelque chose de porteur, d'enthousiasmant - ce qui semble appeler, comme cela vient d'être dit, la question de l'articulation entre ce défi et le bonheur qui semble lui être lié d'une façon où d'une autre. Voyons maintenant le second aspect : sans doute s'agirait-il de ce qui a mené à cet élan final : ce retour en arrière, cette vague et rapide analyse du passé. Qu'est-ce qui me semble intéressant là-dedans ? - J'avoue être un peu déroutée par la question qui, je le crois, mérite réflexion. 
Finalement, sans doute l'intérêt de cet aspect de mon texte (je commence à me demander si le terme d'aspect est vraiment le bon, mais nous nous en contenterons) a-t-il lui-même deux aspects (même remarque) : d'une part, cela est intéressant parce que cela touche à un balbutiemment de réponse à la question du défi - non pas cette fois celle de son articulation avec le bonheur, mais celle qui demanderait comment relever ce défi ? : car dans ce passé se trouvent, semble-t-il, certaines clefs de la genèse de mon désir de faire de la philosophie, clefs qui pourraient permettre d'alimenter ce désir : plus je sais pourquoi je fais de la philosophie, plus cela me semblera avoir de sens, et plus il semblerait que je puisse aimer cette activité, continuer de désirer m'y consacrer. D'autre part, je connais ce souci (ambivalent...) que j'ai toujours eu d'être fidèle à quelque chose, et si possible à moi-même. Et c'est encore dans ce passé que se trouve la clef de cette fidélité à moi-même ; c'est là et nulle part ailleurs, évidemment, que je peux démêler, s'il existe, le fil conducteur auquel je m'accroche imperceptiblement depuis le début, à travers tous les méandres de mon chemin, sous le fatras desquels il se trouve dissimulé, et bien difficile à mettre à jour. Je le disais : "Philosophie ou art, peu importe - le choix est finalement le même." Là se cacherait le fil. Et cet aspect rejoint le premier : la fidélité, encore une fois, n'est qu'une manière de remettre du sens dans tout cela - et il y a bien une chose que je remarque depuis le début, depuis le premier cours de monsieur V. sur Socrate : donner du sens aux choses, cela apaise.

Tout cela est de plus en plus compliqué. Je ne suis pas sûre pourtant de ne pas avoir réussi à y voir un peu plus clair - sans qu'il soit question de réponse, au moins plus clair dans mes questions. Mais continuons. La seconde question rencontrée ici au sujet du défi était la suivante : comment le relever ? Et un début de réponse semblait être de donner du sens à mon choix - façon d'entretenir mon désir de poursuivre dans cette voie. Questions qui en découlent : articulation, cette fois, entre le sens que l'on donne à nos actions et le désir que l'on a de les accomplir ? - et deuxièmement, surtout : je parle de donner du sens à mon choix : cela n'est-il pas dangereux ? Si je suis obligée de lui donner du sens, n'est-ce pas qu'il n'en a en fait aucun ? Ce sens que je lui donne n'a-t-il donc pas quelque chose d'artificiel ? N'est-il pas, finalement, rien autre chose qu'un symptôme de mes angoisses et de mes doutes à propos de mon choix (et je sens Nietzsche qui me chatouille les neurones ^^) ? Ce choix, finalement, a-t-il du sens, ou n'en a-t-il pas ? En a-t-il en soi ? En a-t-il pour moi ?... Quant à la question de la fidélité : ce désir confus d'être fidèle à moi-même, je l'ai certes toujours ressenti ; mais il a également toujours été mêlé à un autre, contradictoire : "Et finalement c'est toujours la même ambivalence. Cette envie de tout envoyer ballader, de se libérer de tout, de ne plus dépendre de rien. Et cette incapacité à le faire pourtant. Ces attachements qui demeurent, le sentiment qu'il faut rester fidèle à quelque chose, ne serait-ce qu'à soi-même." Tout n'est pas si simple...

Tout est lié. La première question pourrait se formuler en un sujet de dissertation tel que celui-ci : "'Il faut imaginer Sisyphe heureux'. Vous discuterez cette citation d'Albert Camus en vous appuyant sur votre connaissance de son ouvrage Le Mythe de Sisyphe et en vous concentrant sur la question de l'articulation entre défi et bonheur."  Cela revient plus ou moins à se demander en quoi mon article du 3 janvier était salvateur.
Mais quelle que soit la réponse à la première question, que le défi mène au bonheur où non, et quel que soit son lien - ou son absence de lien - avec un bonheur quelconque, reste la question du défi lui-même, et de ce défi particulier que j'ai déjà exposé : celui d'assumer mon choix de faire de la philosophie : et ce choix étant celui de suivre mes désirs, il semble que pour l'assumer pleinement je doive non seulement persister dans cette voie, mais encore continuer de le désirer y persister de la sorte. Le défi est donc le suivant : parvenir à désirer encore ce que j'ai déjà obtenu - désirer faire de la philosophie alors que j'en fais. Et la question : comment faire ? Comment relever ce défi ? Comment parvenir à ne jamais cesser de désirer faire de la philosophie tout en en faisant ? - Avec entre autres, à discuter, la piste de réponse suivante : donner - ou trouver - du sens à ce choix peut-il être une façon légitime et efficace de relever ce défi ?...

[Peut-être même, finalement, que tout pourrait se résumer ainsi :
Puis-je assumer mon choix de faire la philosophie ? - c'est à dire, comme ces fameux sujets en "Peut-on", est-ce possible (et si oui comment ?), et est-ce souhaitable (même question) - où interviendrait l'articulation du défi avec le bonheur...
Mais je me demande si cela ne risque pas d'embrouiller les choses plutôt que de les éclaircir, que de tout vouloir intégrer dans une seule question...!
]

Et en passant, je puis vous dire que malgré toutes ces questions, l'envie de continuer, ces jours-ci, est bel et bien là - et cela a à voir avec ces mêmes mots salvateurs qui me donnaient, au mois de juin dernier, l'impression d'être sûre - je vais bien. Terriblement bien.

Je me dois juste de noter une dernière idée avant qu'elle ne s'envole : il y a une autre contradiction à résoudre (ou du moins à poser comme problème) dans l'un des textes que j'ai supprimés : il s'agit de vivre sans cesser de douter... Choisir résolument de douter éternellement... Vous l'aurez compris : ne jamais me laisser aller à douter qu'il ne me faut jamais cesser de douter !... Paradoxe de la pensée de et de l'action. Cesser de douter dans l'action pour agir le plus résolument possible (Descartes...), mais quand il s'agit de choisir sans plus se permettre de douter de s'engager dans la voie de la philosophie, c'est à dire de ne jamais cesser de se poser des questions, donc de douter... - "'Vivez vos questions'. Rainer Maria Rilke. Commentez."

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