« Il faut bien me rendre à l’évidence, je ne suis
« Il faut bien me rendre à l’évidence, je ne suis jamais à ce que je fais ; toujours un peu ailleurs, dans cette distraction peut-être dont parlait Bergson (et les autres alors de rire, ou même moi) ; toujours à réfléchir, dans un mouvement presque ininterrompu de recul de la pensée sur elle-même, ce que je suis en train de vivre. Et par là, je ne vis plus ; ou à moitié seulement. Je suis comme en constant décalage avec ma vie, les yeux détournés du monde, comme perdus en moi-même ; chaque événement présent appelle des souvenirs, qui soudain se pressent et s’entrechoquent sur ce qui pourrait ressembler à une scène de théâtre dressée devant ou par dessus la réalité, et ces sourires ou ces plissements de front que je ne contrôle pas qui s’affichent sur mon visage, « tu penses tellement fort que ça se voit. » […] »
(Rien à voir - ou rien que je sache.)