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Altawabi's blog II
3 janvier 2008

A Rebours

Me voilà au bord de l'envie de retourner écrire sur mes vieilles pages bleues. Relectures des petits fils de mots étoilés sur fond de ciel de nuit. J'en ai dit, des choses ; abordées, des questions. Souffert, des incompréhensions, des solitudes qui me poussaient à écrire.

J'étais perdue. Mais au delà de l'abîme d'où s'élevait mon cri, je crois percevoir comme un semblant de cohérence. Quelque chose qui, de façon presqu'inquiétante pour l'athée convaincue que je crois être, ressemble à une foi prequ'aveugle en certaines valeurs plus ou moins arbitraires - tout n'est que tentative de légitimation - que je m'étais fixées, tout au dessus de ma petite vie errante.

Il y a à cela une logique. L'apparence est trompeuse. C'est justement parce que j'étais plus perdue que jamais que j'avais ce besoin de fixer des points de repère. Et ce sont eux qui transparaissent sur les pages bleues, eux, ces boussoles rassurantes. Jusqu'à ce que me prenne cette paralysie de la pensée - et des actes ! - qui m'a méchament entamé une partie de ma vie de lycéenne - mais, dit-on, à raison je crois, cela est instructif.

Instructif, d'accord - mais quelles leçons tirer ? Disais-je avec angoisse.
Je ne savais où les trouver, ni de quels mots les revêtir.
J'en déduisais, à raison, la tyrannie des "il faut", et leur errance inéluctable.
Tous ces mots utilisés sans en connaître le sens, toutes ces valeurs érigées sans savoir pourquoi, juste parce que cela vient, pour l'occasion. Voilà que l'on voyait déjà se profiler le fantôme de la philosophie.

Toute la base est là. Tout ce qui s'est dessiné ensuite est né de cette période, de cette souffrance, cela est presque clair. Je dois vous le dire : cela me rassure. Ce n'est pas juste mon père. C'est cette tyrannie des jugements arbitraires des autres. Cette haine de l'arbitraire qui m'a prise. Et toujours cette question pressante du chemin qui me hantait avant le gouffre, et me hante à nouveau. Le temps de ces pages blanches, j'ai voulu donner comme réponse : "La Philosophie." Mais l'erreur, je le redirai comme je l'avais dit déjà dans ce texte où je racontais, dans le car qui nous ramenait de Venise, ma lecture de Siddharta ; l'erreur, c'est de croire qu'il y a UNE réponse - LA réponse. La Philosophie n'est pas une réponse, pas plus que la musique : au contaire, elle est la question. A la question : que faire de ma vie ? Je ne peux me contenter de répondre : "me demander ce que je vais en faire" (c'est à dire faire de la philosophie.) Non, cette réponse n'est pas une réponse, simplement une continuation de la question : je ne peux m'arrêter là. Il faut que je reprenne les questions à leur racine - au fond du gouffre, et dans mes tentatives de sortie. Je dois reposer la question de l'égoïsme - moi et les autres -, celle du bonheur de la citation de Flaubert, celle de l'amour, de l'illusion, de la solitude ; de la musique et de la poésie, de la littérature, et de l'art en général ; celle du savoir, de la science et de la connaissance ; celle de l'absurde ; celle de la vie. Et les confronter - eh oui - aux nouvelles questions : la société, la politique. On y retombe : moi et les autres - moi ou les autres ! La vraie issue, ce serait de concilier un certain égoïsme avec la vie en société - moi ET les autres.

Après hésitation, c'est ici que ces questions seront (peut-être, qui sait si je n'aurai pas changé d'avis demain !) reprises et réexaminées. Pourquoi ? Ces pages blanches me semblent plus apaisées. Il y a une blessure dans les pages bleues qui a tendance à faire echo avec un sentiment actuel de désemparement (ça existe ?) devant le "bonheur" de faire "ce que j'aime." Ils avaient raison : je vais peut-être m'en mordre les doigts. Mais tant pis, à cela au moins j'aurai été fidèle. Même si c'était peut-être une connerie, je suivrai ce chemin jusqu'au bout, quelle que soit sa valeur. Je n'ai plus besoin de personne pour savoir ce que je veux, disais-je - eh bien, que je m'en souvienne ! Philosophie ou art, peu importe - le choix est finalement le même : je ne choisis pas en fonction d'un tyrannique "principe de réalité" que l'on formule en général par quelqu'énoncé comprenant le terme "débouchés." Je choisis pour moi, envers et contre tout - même si ce tout n'est pas grand chose. C'est cet acte, ce choix qui est important, et qui est fidèle aux pages bleues, à la blessure, à la chute, au point crucial qui s'y trouve localisé. De la connerie pure ? Laissez-moi vous dire que personne ne peut se permettre d'en juger si absolument. Je ne veux pas plier devant le monde. Tout n'est pas si simple, bien sûr - ne croyez pas que je sois sûre de moi, que je ne doute pas. Au contraire. Je doute à chaque instant. Mais ni le chemin de la crainte ressassée de l'avenir, ni celui qui mène au regret de n'avoir pas essayé n'est le bon. J'étais libre de choisir, je n'avais presqu'aucun obstacle contre lequel me dresser, qui aurait accroché du sens au dessus de ma vie. J'ai bien tenté d'en inventer, mais non. Alors, il ne me restait qu'à affronter la réalisation de mon désir - la voie que je voulais. Et je me devais de le faire. Maintenant, il me reste à l'affronter jusqu'au bout - à affronter le face-à-face avec ce que je suis sensée aimer parce que c'est ce que j'ai tant désiré. Eh bien, je relève le défi.

Je sais que seule la prise de recul pourra m'apporter l'enthousiasme dont me prive la réalisation du désir - qui coupe l'élan-même qu'était ce désir (une fois réalisé, il n'y a plus lieu de désirer.) Alors, je prendrai le temps de prendre du recul. Et ça se passera ici.

(Peut-être.)

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Commentaires
A
Hey ! Cela me fait plaisir de te revoir ici, moi aussi :)<br /> <br /> "Je voudrais aussi choisir pour moi", dis-tu.<br /> Eh bien, je ne vais rien dire de constructif, mais... Fais-le ! :D<br /> <br /> (Oui, je sais que ce n'est pas si simple... On doute jusqu'au bout, n'est-ce pas... et après encore...)<br /> <br /> En tout cas, merci pour ton commentaire, et bien(re)venue ici ! :)
C
Mais que vois-je ?! Tu es de retour ! 2008 commence bien xD<br /> Je suis contente de te pouvoir te lire à nouveau, d'autant plus que maintenant je serai peut-être un peu plus à même de comprendre ce que tu dis et d'apprécier tes références philosophiques =)<br /> <br /> *<br /> "je ne choisis pas en fonction d'un tyrannique "principe de réalité" que l'on formule en général par quelqu'énoncé comprenant le terme "débouchés." Je choisis pour moi, envers et contre tout - même si ce tout n'est pas grand chose"<br /> Ce passage m'atteint en plein coeur, à l'heure des "choix". Je voudrais aussi choisir pour moi.
A
A qui le dis-tu. Je suis morte de fatigue rien qu'à l'idée de m'y attaquer. <br /> <br /> Et puis, à me relire, je me rends compte qu'une prise de recul sur la prise de recul va peut-être être nécessaire, aussi...<br /> <br /> Hmpf. Qui sait si cet article aura une suite.<br /> <br /> Merci en tout cas "d'avoir dit quelque chose"...<br /> <br /> Je m'en retourne à mon grec T_T ^^
L
Quel programme !
Altawabi's blog II
  • Naissance d'un nouveau blog, d'un nouveau chez-moi. D'un nouveau moi ? Non. Jamais. Je suis ce que je suis et ce que je traine derrière moi, hein. Comme toujours. Ça, ça n'a pas changé, et ça ne changera pas. Non, c'est juste que... je déménage.
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