Mais la robe gonflée emplit soudain tout le cachot

5 février 2007

Mais la robe gonflée emplit soudain tout le cachot

- Tu sais quoi, j'ai relu la nouvelle que j'avais écrite en seconde, et en fait, j'ai l'impression qu'il y avait déjà tout, dans ce texte.
- Ah ?
- Oui. Je crois que j'ai compris ce que j'attends.
- Et tu attends quoi ?
- Tu te souviens, ce poème de René Char que j'ai étudié l'année dernière ?
- Heu... vaguement.
- Tu sais, cette femme en robe rouge, une chandelle à la main, le tableau de Georges de la Tour. "Les mots qui tombent de cette terrestre silhouette d'ange rouge sont des mots essentiels, des mots qui portent immédiatement secours". C'était ça, c'est déjà ça que j'attendais quand j'ai lu ce poème. C'est ce que j'ai toujours attendu, je crois, comme ce frère tombé du ciel, dans la nouvelle, quand tout était perdu pour Marie. Sauf qu'à cette époque, l'époque du poème, j'étais convaincue que j'étais sur le point de trouver.
- Et finalement ?
- Eh bien, finalement, tu connais la suite. Au lieu de trouver quoi que ce soit, j'ai perdu tout ce que j'avais.
- Tu ne crois pas que tu exagères un peu ?
- Oh, tu vas pas t'y mettre, toi aussi, hein.
- Pardon. Mais je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.
- C'est pourtant simple. C'est aussi con que dans la chanson de Souchon : j'attends quelqu'un.
- Heu... mais qui ça ?
- Bon dieu, mais si je savais !
- Hum... une sorte de prince charmant, en somme ?
- Bof. Je l'apparenterais plutôt à une sorte de messie, huhu.
- Heu... oui, mais tu n'as pas peur qu'il ne vienne jamais ton messie.
- Je ne sais pas. Souchon lui dit, à la petite Fanny, qu'elle attend pour des reines-claude et des mirabelles...
- J'ai tendance à penser qu'il n'a pas tort...
- Tu as sans doute raison. Le problème, c'est que si j'arrête d'attendre, je me flingue.
- Ah, c'est embêtant...
- Tu trouves aussi.