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Altawabi's blog II
12 janvier 2007

A quoi bon te dire... que la vie n'est possible qu'avec toi

Tu sais, il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit. Ah, c'est un peu brutal, sans doute, pour commencer une lettre. C'est que je ne sais pas vraiment par quel bout prendre les choses...
Et puis non. Non, je ne peux pas dire ça, ce serait trop facile. Comment pourrais-je ne pas savoir par où les prendre, ces choses ? Je les connais trop bien, maintenant. Certains disent qu'on n'y comprend jamais rien, que c'est pour ça qu'on ne sait jamais quoi dire. Mais c'est une mauvaise excuse. La vérité, c'est qu'arrivé là où j'en suis, on les connais justement trop bien pour en parler sans peur.
Et c'est encore pour ça que l'on écrit des lettres. Je t'écris, parce que j'aurais trop peur de te parler. Je me vois si bien plantée devant toi, au milieu d'un trottoir, te disant, j'ai quelque chose à te dire. J'entends si bien le grand silence après, je vois si bien le bout de mes chaussures sur le trottoir mouillé. Mais tes yeux, ton visage, eux je ne les vois pas. Jamais.
Combien de fois je me suis retrouvée dans cette situation ! Combien de fois j'ai suivi un garçon dans les rues, le coeur battant, sans le lâcher un instant du regard, combien de fois je l'ai écouté me parler sans savoir quoi dire, le long d'une promenade dans la ville, combien de fois je me suis sentie trembler de ce geste que je ne voulais pas faire, de ces mots que je ne voulais pas prononcer, j'ai quelque chose à te dire. Combien de fois.
Combien d'après-midi se sont terminées sur un regret, je n'ai rien osé dire, combien de fois il a finalement compris mon silence. Combien de fois.
Tu sais, j'ai honte parfois. Je voudrais pouvoir vous parler, plutôt que de rester cachée derrière ma plume. J'aimerais pouvoir vous sourire sans rougir, vous regarder sans peur, vous parler sans que ma voix ne tremble. Je sais que vous n'aimez pas les lettres de dix kilomètres de long trop pleines de ces mots qui ne veulent rien dire, je sais que vous n'aimez pas les jeunes filles muettes qui osent à peine rester blotties dans vos bras quand vous les attirez tendrement contre vous. Mais tu sais, il suffirait de si peu de choses... de si peu de choses pour que tout change. Quelles choses, je ne sais plus très bien, mais tu sais, il n'est même pas nécessaire de trouver. Chercher suffirait...

Tu sais, je sens que j'arrive au bout de l'histoire. Doucement. C'est pour bientôt, mais pas encore. C'est le dernier passage difficile, mais je ne sais pas combien de temps encore ça peut durer. Je peux encore avoir de faux espoirs, ou de beaux moments de répis, avant que la boucle se boucle. La boucle, oui, je reviens au début, je retrouve ce que j'avais trouvé il y a longtemps sans savoir encore que c'était ce que je cherchais, sans le savoir parce que je n'étais pas passée par tout ces chemins que je connais maintenant.
J'arrive au bout de l'histoire, mais tu sais, je n'y suis pas encore. Pour l'instant, j'ai peur encore. Pour l'instant, je dis vous au lieu de dire tu, je ne sais plus donner de l'importance à un seul parmi tous. Pour l'instant, je me dis, si ce n'est pas toi, ce sera quelqu'un d'autre. Pour l'instant, je ne sais plus aimer comme je le savais avant, je ne sais plus me dire, ça ne peut pas être quelqu'un d'autre, je ne sais plus me dire je ne peux pas imaginer ma vie sans toi, je ne sais plus me dire sans toi je n'ai plus qu'à mourir, et toutes les bêtises de ce genre. Des bêtises, et pourtant, on peut bien se moquer, il n'y a rien de plus beau que ces phrases. Rien de plus faux, mais rien de plus beau ; rien de plus contradictoire, rien qui ne donne à la fois tant l'envie de vivre, et tant la peur de n'avoir plus qu'à mourir.
On peut bien se moquer, et pourtant, même si ces phrases sont fausses, trompeuses, même si l'on sait bien que la vérité c'est de dire que si ce n'est pas toi ce sera un autre, sans ces phrases je crois qu'on ne peut pas vivre. On peut bien se moquer, mais si ce n'est pas à quelqu'un qu'on donne cette fausse importance, c'est à autre chose, ou alors on ne continue pas. On ne peut pas continuer en étant lucide jusqu'au bout. On ne peut pas, parce que la vérité, celle que l'on connait lorsqu'on est trop lucide, c'est qu'il n'y a pas de raison de continuer. Aucune.
Mais au delà de ça, la vérité, c'est qu'une raison de continuer, s'il n'y en a pas, il faut s'en inventer une. La vraie erreur n'est pas de s'accrocher à du faux, la vraie erreur, c'est de croire qu'on aurait tort d'avoir des illusions, la vraie erreur, c'est de trop faire en sorte de savoir que rien ni personne n'a d'importance pour ne plus risquer de souffrir que quelqu'un nous quitte ; la vraie erreur, c'est de tuer les illusions pour ne plus avoir peur de mourir, parce que ne plus avoir peur de mourir, c'est ne plus avoir envie de vivre.
La vérité, la seule qui ait de l'importance, c'est que vivre, c'est risquer de mourir ; c'est que vivre, c'est risquer de souffrir, si souffrir est mourir un peu, ou en avoir l'envie. Ne plus risquer de mourir, ne plus risquer de souffrir, c'est ne plus vivre.
Alors je veux réapprendre à vivre. A ne plus avoir peur, peur de risquer de souffrir, réapprendre à aimer, à croire que sans toi ne suis plus rien, réapprendre à croire que ça ne peut pas être quelqu'un d'autre. Réapprendre à avoir peur jusqu'au bout qu'à la lecture de cette lettre, tu me répondes pas moi, réapprendre à avoir vraiment peur de la solitude, à ne pas avoir peur d'avoir envie de te serrer fort contre moi, à ne pas avoir peur d'avoir peur de souffrir, à ne pas avoir peur d'assumer ma peur jusqu'au bout, à ne pas fuir devant la peur en me réfugiant dans ma lucidité, mais à vivre ma peur en même temps que l'envie, en même temps que l'amour...
Et surtout, je voudrais te dire que je voudrais que ce soit toi qui me réapprennes tout ça. Toi, et personne d'autre.

Tu sais, il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit.
Je t'aime.
Mais le plus triste, c'est que cette lettre n'est adressée à personne.

Edit : encore un texte pas assez clair... qui vire trop à l'abstrait... bouarf...

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Commentaires
A
Merci...<br /> <br /> Je crois que j'ai toujours trouvé que j'avais raté la fin...
C
Je réagis plus d'un an après, mais il n'est jamais trop tard je crois, pour dire qu'un texte est beau.
Altawabi's blog II
  • Naissance d'un nouveau blog, d'un nouveau chez-moi. D'un nouveau moi ? Non. Jamais. Je suis ce que je suis et ce que je traine derrière moi, hein. Comme toujours. Ça, ça n'a pas changé, et ça ne changera pas. Non, c'est juste que... je déménage.
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