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Altawabi's blog II
30 décembre 2006

Si le monde crève de misère, qu'il crève au moins gaiement

La Joie de Vivre. C'est l'idée qui m'a plue, comment la trouver dans tout ça. Une réponse, peut-être ? Mais je n'en ai pas trouvé.
Je n'ai pas tant aimé Pauline que Lazare. Sa force à elle m'agace. Peut-être parce que je ne l'ai pas, alors que j'aimerais.
Lui, il a cette angoisse qui me semble si criante de vérité, face à une bonté trop suspecte.
Et puis surtout il y a ces passions qui défilent les unes après les autres. La musique, la médecine, l'usine et les algues, les poutres face à la mer, la littérature, la finance, Louise, et puis chacune s'en va, revient, une passion s'anime furieusement, puis s'éteint. C'est si vrai.
C'est si vrai : rien n'a d'autre sens que celui qu'on lui donne. On peut donner un sens à tout. Pourquoi une chose plutôt qu'une autre ?
Dans la réalité, tout est pareil. Il y a eu un chien, puis les chevaux, il y a eu la médecine aussi, il y a eu la musique, il y a eu des garçons, l'amour lui-même. Maintenant il reste un livre et un peu de philosophie ; mais tout s'en va, tout s'en va. Rien n'est fait pour moi, rien n'est fait pour personne.

Comment donner un sens à sa vie ?

Un sens.

On ne peut pas. Pas vraiment. Il n'y en a pas ; il n'y a pas de sens à notre vie. Alors on s'en invente, on ne peut rien faire d'autre que de s'en inventer. On s'y accroche de toutes nos forces pour croire qu'on a trouvé. On veut être fidèle à soi-même, parce qu'on veut être quelqu'un, quelqu'un qui soit toujours le même soi-même, sinon, on est perdu ; avoir sa propre personnalité, avec ses goûts, on aime ceci, on n'aime pas cela, et puis on s'y tient ; mais rester sans avis, ou en changer trop souvent, nous effraie. Ne pas avoir avis fixe c'est être trop neutre, ou trop éphémère ; trop rien.
On a peur du vide, bien sûr. Peur du Rien. Alors on invente quelque chose pour le mettre à la place, pour se cacher le rien ; d'abord il y a cette personnalité, celle-là pour la construire on regarde les goûts des autres et on s'en inspire, et puis on se répète sans arrêt "J'aime ceci, je n'aime pas cela ; je pense ceci, je suis contre cela" pour s'y habituer ; ensuite il y a ce sens qu'on donne à notre vie, cette voie dans laquelle on s'engage. Ce choix, le sens de ce choix, on le renforce de tous les arguments et de toute la logique possible pour lui donner une consistance, pour avoir l'impression que c'est vrai, pour arriver à y croire : c'était le bon choix, le seul choix qui ait un sens, qui donne un sens à ma vie. A chaque minute il faut se forcer à y croire, c'est vrai, c'est ça, le sens qu'a ma vie. Je suis quelqu'un, une personne avec des goûts, et j'ai une vie, une vie qui a un sens.

Mais rendons-nous à l'évidence. Envisageons n'importe quelle alternative à ce choix de vie que nous avons fait, et tentons de lui donner, aussi, un sens : rien de plus facile. Et finalement, on se rend vite compte qu'il n'y a pas plus de sens à avoir choisi cela qu'à avoir choisi autre chose. C'est que le sens de notre choix, c'est nous qui le lui avons donné. On l'a inventé. Inventé...

Et puisque ce n'est qu'une invention, la réalité de ce choix est forcément moins belle que ce qu'on imaginait. On finit par l'apprendre. Ce monde dans lequel on est entré a quelque chose de dur.
C'est pour cela que les passions de Lazare changent. Déçu par une voie, il cherche dans une autre ce qu'il n'a pas trouvé. Il ne trouvera jamais. Jusqu'au bout, il hésitera sans cesse. Et il ne trouvera jamais.

Et nous non plus nous ne trouverons jamais.
Nos vies n'ont aucun sens.

Nous vivons parce que nous savons que nous allons mourir et parce que nous ne voulons pas l'accepter - et si c'était vraiment ça ?

J'en ai assez. C'est un cauchemard. Réveillez-moi, bon sang.
Comment fait-on pour en sortir ? Je n'y arrive plus. Je n'y arrive plus.

Je n'existe pas. Ma vie n'a pas de sens.
Elle n'en aura jamais.

Même s'il y a des hommes extraordinaires, même si quand leur femme un soir tombe enceinte d'un autre, parfois ils ne hurlent pas, au contraire ; parfois ils les aiment assez pour comprendre, ils leur sont reconnaissant d'avoir dit la vérité, et ils sont là, ils les accompagnent jusque dans la chambre aux murs blancs où le petit quelque chose qui avait commencé à vivre dans leur ventre sera détruit. Parfois ils leur tiennent la main jusque là, même si elle les a trompé, ils oublient, ils les aiment, ils pardonnent et ils les soutiennent jusqu'au bout. Même si ça existe, même si ce n'est pas que dans les histoires. Même s'il y a des hommes capables d'une chose pareille, d'une chose aussi belle.

Même si j'essaye de me dire que c'est qu'il me manque une sécurité ; que celle que j'ai maintenant ne va plus durer et qu'après tout est vide. Même si j'essaye de me dire que quand j'aurai trouvé autre chose, un autre chez-moi, une autre chaleur, quand je ne serai plus seule, ça ira mieux.

Même avec tout ça, ça ne change rien. Je ne peux plus y croire. Je voudrais, pourtant.
J'en ai assez du pessimisme, j'en ai assez de ceux qui s'y accrochent comme à une bonne excuse à tout, de ceux qui refusent l'aide, qui disent que ça ne sert à rien.
Mais je suis comme eux, et je n'arrive plus à voir la porte de sortie.
Même un garçon ne changerait plus grand chose je crois. Ou alors, un temps seulement. Tout s'éteindrait trop vite encore. J'en veux peut-être trop. Un garçon ce serait encore s'inventer un sens à tout ça, une raison de continuer, et on finirait bien par se rendre compte que ce n'est qu'un sens inventé, encore. Que ça ne donne pas de raison de continuer, pas plus qu'autre chose - parce que c'est ça, le sens d'une vie, c'est la raison qu'on a de continuer.
Mais il n'y en a pas. Il n'y a pas de raison. Même un garçon ce ne serait pas une raison.
J'ai relu ce matin une vieille lettre. Une lettre d'amour. Ecrite de mes mains. Une lettre pleine de sens. D'un sens inventé. Qui sonnait faux, tellement faux. Je ne peux plus y croire. Je voudrais, je sais que ça reviendra sûrement. Je retomberai dans l'illusion, parce que ce sera la seule manière de ne pas sombrer.
Mais aujourd'hui qu'il n'y a personne, alors, il n'y a même pas de fausse raison de continuer. Il n'y a pas de raison tout court. Pas de raison, même fausse.

Je continue pour rien. J'avance vers un mur, le même que chacun.
Nous courons sans soucis dans le précipice après que nous avons mis quelque chose devant pour nous empêcher de le voir.
Mais il n'y a plus rien pour le cacher. Je le vois, je le vois très bien, le précipice. Et j'y cours. Tout droit.

Ma vie n'a pas de sens.
Elle n'en aura jamais, je le sais.

Je ne sais plus quoi inventer pour l'oublier.
Pour crever avec un peu de gaieté...

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Commentaires
A
Voyageur >> Quand même, ce n'est pas si compliqué ! ^^ bonne année à toi aussi :)<br /> <br /> Ludéla >> Tu as raison :D<br /> Les vivre sans s'en soucier...<br /> <br /> Enfin... c'est quand même dur parfois :p <br /> Disons que ça arrive, les coups de blues (n'est-ce pas ^^)<br /> Mais c'est promis, la prochaine fois j'essaye d'écrire un truc plus gai :D<br /> <br /> Et puis bonne année à toi aussi, tout ça, tout ça... :)
L
La joie de vivre ... Difficile d'y trouver des réponses ...<br /> Un sens à nos vies ... Un sens à nos vies ...<br /> Et si on les vivait sans s'en soucier ? Le reste suivra sûrement. <br /> <br /> Bonne année, qu'elle soit belle, déterminante, et ... vivante :-)
V
Toujours aussi bien écrit... un peu trop compliqué peut-être...<br /> Sois heureuse.<br /> Bonne année
Altawabi's blog II
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