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Altawabi's blog II
16 octobre 2008

Ecorché vif

"Mais comme au-dessous de tout cela, il y a d'autres pensées. En sourdine. Mais présentes. Continuellement, peut-être. Ce sont des pensées que je ne peux pas tellement écrire ici. Faute de poser des mots dessus, c'est à peine si je les laisse affleurer à ma conscience ; et pourtant, en donnant des coups de pieds dans les feuilles mortes, j'ai la sensation qu'elles sont bien là et que j'ai besoin d'y penser, malgré tout."

J'aurais pu vous parler du livre III de la
République de Platon, mais merde.

J'en ai assez de ce blog. Soit j'ai l'impression de trop m'y livrer, d'y être trop impudique (et paf, direction "brouillon", les articles) ; soit j'ai envie de le bazarder parce que ce que j'y écris ne mérite même pas d'être dit. Ce n'est que la surface des choses, des trucs futiles qui flottent misérablement au dessus du reste, je veux dire au-dessus de tout ce qui se déploie en moi, pendant que je regarde vaguement la pluie tomber, les feuilles des arbres devenir rouges derrière des chaises renversées, ou les concepts philosophiques s'articuler plus ou moins artificiellement dans ma tête. Le fond de l'eau, que j'ose à peine regarder. Encore moins montrer.

...

Je ne sais toujours pas ce que je vais faire.
Trois solutions : arrêter d'écrire ; continuer d'écrire ici des trucs sans importance ; ou écrire ce qui doit être écrit, mais ailleurs.

Je suis incapable de choisir.

...

"Ils n'ont pas le plus infime soupçon de ce qui se passe en eux, mais ils veulent savoir ce qui se trame dans les cinq continents."

"Je prends sa main qu'elle serre sur la mienne comme si elle prévoyait que nous allions sombrer et qu'elle veuille me retenir ou m'entraîner avec elle. Ce geste, je ne sais pourquoi, me crispe le cœur. Il faut, moi aussi, que je me cramponne à cette main de toutes mes forces."

"Car lorsque les mots ont fini de couler de soi, c'est qu'ils ont réussi à vous ensevelir vivant. L'homme reste englué dans la chrysalide du livre qu'il a écrit. Et sa renaissance à travers le temps est si multiple, si permanente dans des milliers d'esprits, que sa mort à lui est plus certaine, plus immuable, plus définitive que n'importe quelle autre mort. Chaque mot écrit est une tombe ouverte. Remplir des pages et des pages revient à saluer d'un incessant adieu sa propre dépouille sur le bord de la fosse fraîchement creusée."

Et j'en passe.
Septentrion, vous l'aurez deviné.

Ce qui se passe en soi. Ces écorchés-vifs qui n'ont pas peur de regarder au fond de l'eau et de cracher ce qu'ils y voient à la gueule du monde. Et tant pis pour les autres.

J'aurais voulu être l'un d'eux, même mauvais. Oser. 
Et puis il y a ce connard de Kant qui me rattrape avec toute sa bande d'acolytes philosophes, vous savez, leurs idéaux à la con, l'ouverture à autrui, traite toujours l'humanité en l'autre et en toi-même comme une fin, jamais comme un simple moyen, ou je ne sais quoi.
Et puis la vie. Les autres, les vrais. La nécessité de se maîtriser un peu soi-même, de cacher certaines choses et cultiver certaines apparences, parce que l'eau sombre au fond, on ne peut pas toujours la faire subir autour de soi. Parce que les autres, ils risquent d'en avoir marre à un moment où à un autre de vous porter à bout de bras, de vous entendre exprimer trop de choses qui certes sont vraies mais parfois blessent, et vous allez vous retrouver tout seul. C'est clair, on les comprend un peu après tout.
La vie en société n'est pas faite pour les écorchés vifs. Pas pour rien que Platon vire la musique et la poésie de sa cité soit-disant idéale. Fait naître des sentiments, ces choses-là ; ou du moins les révèle à la conscience. Dangereux. Qui se laisse bercer ou fasciner par le spectacle de ce qui se passe en lui-même n'a plus la tête à s'occuper du bien commun, de la vertu, de la bonne marche des affaires de la cité (et gna-gna-gna.)
De même, l'
écorché vif ne se demande pas si parmi ces flots de sentiments en lui, crachés tous à la fois sans sélection ni retenue, certains ne risquent pas d'être douloureux à recevoir, parfois, pour certaines personnes, autour de lui. Des gens qui, le cœur serré peut-être mais sans se retourner pourtant, s'éloigneront à pas de loup ou en fanfare, parce que vivre auprès de quelqu'un qui accepte tous les remous de son âme et les exprime tels quels, sans la moindre tentative, même vaine, de contrôle, c'est invivable ; invivable parce que, contrairement à ce qu'a pu croire ce crétin de Platon, une âme humaine absolument belle ça n'existe pas.

...

Deux solutions. Fermer les yeux sur soi.
Ou cracher dans un coin, loin du regard de ceux qui nous entourent.

Encore une fois, je n'ai pas choisi.
 

(Dans le genre écorché vif, en v'là un qui bat des records. C'est pourtant vrai, je l'aime parce qu'il est triste, parce qu'il meurt à ma place, en quelque sorte.)

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  • Naissance d'un nouveau blog, d'un nouveau chez-moi. D'un nouveau moi ? Non. Jamais. Je suis ce que je suis et ce que je traine derrière moi, hein. Comme toujours. Ça, ça n'a pas changé, et ça ne changera pas. Non, c'est juste que... je déménage.
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