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Altawabi's blog II
20 mai 2007

Bavardages d'adolescentes

- Mais comment faut faire, alors, pour pas faire souffrir l'autre ?
- A partir du moment ou tu ne l'aimes plus, s'il lui t'aime encore, tu vas de toute façon le faire souffrir. Je pense qu'il faut bien garder ça en tête. C'est ce qui permet de se rendre compte qu'hésiter à le plaquer, dans ce cas, c'est plutôt ménager son propre sentiment de culpabilité que la souffrance de l'autre. Et donc que ce qu'il faut, c'est justement ne pas tergiverser, mais être clair, net et précis.
- Ouais... C'est pas faux. Tu penses qu'il faut dire les choses simplement comme on les pense, alors ?
- Pas tout à fait, au sens où en général, dans ces moments-là, ce qu'on pense n'est justement jamais clair. On sent bien que quelque chose ne va pas, mais ou bien on est encore un peu trop attaché à l'autre, ou bien on a peur du vide, ou de se sentir coupable. Pourquoi pas un peu de tout cela à fois. En bref, c'est le bordel. Et c'est pour ça qu'il vaut mieux éviter, à mon sens, de dire effectivement les choses telles qu'elles sont. Parce que c'est tellement complexe qu'on risque fort de se contredire à tout bout de champ, et de mettre l'autre dans une situation d'incompréhension qui est à ma connaissance fort désagréable, pour ne pas dire assez inhumaine.
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ?
- On commence par être lucide sur la signification de nos propres tergiversations, et on n'attend pas "d'être sûr", ce qui ne manquera de toute façon pas d'arriver. Et à partir de là, on assume ses sentiments - ou son absence de sentiments -, on prend son courage à deux mains et on tranche dans le vif pour éviter à l'autre de subir nos douloureuses incertitudes. En gros, être clair avec l'autre même et surtout si on ne l'est pas tant que ça avec soi-même. Enfin, je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
- Et tu penses pas qu'on risque de se tromper ?...
- C'est vrai que j'ai tendance à partir du principe que quand on aime on n'en doute pas... mais peut-être faut-il laisser une petite place au doute dans l'amour, après tout. Je suis peut-être un peu radicale. Pourquoi ne pas prendre un peu de temps pour se poser la question de ce que l'on veut vraiment. Mais alors, il faut se la poser vraiment, et ne pas se voiler la face. Si l'on sent bien que l'idée d'assumer pleinement la relation dans tout ce qu'elle implique nous dérange et nous semble au-dessus de nos moyens, quand bien même on se sentirait mal à l'idée de se séparer de l'autre, il faut le faire quand même. Dans ce cas, ce qui nous dérange, c'est simplement le vide ou la culpabilité qui s'en suivraient. Ce qu'il faut, c'est être capable d'être lucide là-dessus, et de faire preuvre d'un peu de courage pour l'assumer.
- C'est vrai... je crois que ce qui m'a fait le plus mal avec X, c'est de me sentir menée en bateau, et de m'en vouloir en même temps de ne pas lui faire totalement confiance. Et au final, de me retrouver complètement perdue sans plus savoir quoi faire ni penser. C'est une situation totalement contradictoire, et il y a de quoi vous rendre fou. L'autre vous laisse espérer tout en laissant transpirer que tout est déjà mort. Horrible. Alors que s'il avait été clair dès le début, avec lui-même comme avec moi... il m'aurait au moins épargné ça.
- Pareil. Quelle bande de lâches ^^. Je crois qu'il se sentait tellement coupable de ne pas vouloir rester avec moi alors que je n'avais rien fait qui justifiât la fin de l'histoire... que c'était au dessus de ses forces d'en finir. Enfin, je crois. Je ne crois pas qu'il ait fait exprès de me faire mal le plus possible. N'empêche qu'il l'a fait, et que ça me tue qu'il ne se soit même pas rendu compte de l'état dans lequel j'étais. Sinon, je pense qu'il aurait compris qu'il s'y prenait très mal et qu'il aurait changé de méthode...
- On a le droit de leur en vouloir alors, tu crois ?
- Oui, je pense. Quand bien même ils auraient fait ça en nous ménageant véritablement du mieux possible, on en aurait le droit je crois. Ça me semble normal d'en vouloir à quelqu'un qui nous a fait mal, même involontairement, même forcé. C'est irrationnel, mais c'est une réaction normale, et même saine. Ce qu'il faut, c'est juste garder à l'esprit que ça ne fait pas forcément de l'autre un connard fini, en soi, ni même un connard tout court. Pour ça, tout de dépend de la façon dont il s'y est prise, et dont il a l'habitude de s'y prendre en général avec les autres... Mais l'important n'est pas là.
- C'est pas faux... mais pour en revenir au problème de départ, quand on plaque quelqu'un, il faut être clair, d'accord ; mais est-ce que c'est seulement possible d'expliquer rationnellement et clairement à quelqu'un pourquoi on le laisse ?
- Je ne crois pas, et l'autre se retrouvera de toute façon dans une situation d'incompréhension, je pense, c'est inévitable. Mais l'erreur, ce serait justement d'essayer de trouver des arguments trop rationnels, qui deviennent en général grotesques. A bannir, donc, je pense, les "on avait pas le temps de voir" et autres prétextes fumeux. Manque de courage, encore une fois, besoin de se dédoiner, et on finit par rejeter la faute sur l'autre : il n'était pas assez bien, c'est pour ça qu'on s'en va. Evidemment, ça peut nous aider à moins culpabiliser, mais ça ne fait par contre qu'enfoncer encore l'autre qui n'était déjà pas dans une posture facile. L'idéal serait un simple "je ne t'aime plus, c'est tout." C'est une chose totalement impossible à justifier, alors mieux vaut ne pas essayer de le faire. On risquerait de rentrer dans un jeu malsain à s'efforcer de réduire l'incompréhension de l'autre pour apaiser les souffrances, mais sans jamais y parvenir, et encore une fois ce ne serait qu'une façon de se déculpabiliser - et on n'y parviendrait pas non plus. Non : l'autre va souffir, moi je vais me sentir coupable, c'est comme ça ; plus vite chacun l'aura accepté, plus vite chacun s'en sortira.
- Tu crois ?...
- Je crois, oui. Après je suis loin d'en être sûre. Il n'y a sans doute pas de conduite à suivre qui soit absolument bonne. Surtout que chaque situation est particulière. L'important, je pense, est de toujours de garder à l'esprit en tout cas que nos actions ont souvent plus pour but de nous déculpabiliser que de soulager véritablement l'autre ; à nous après de faire attention à cela. Et puis, ne pas oublier qu'il y a une part d'inéluctable dans ce qui va arriver : la souffrance de l'un, la culpabilité de l'autre ; et qu'on ne pourra de toute façon jamais les réduire à néant. Après, essayer de te tenir compte de ça dans nos actions...
- Tu as peut-être raison...
- ...
- ...
- Tu sais, ça n'a pas grand chose à voir, mais je crois finalement que je n'ai jamais aimé Y.
- Ah ?
- Non. J'ai eu envie de l'aimer. Mais je crois qu'on n'aime jamais autant quelqu'un avant d'avoir vécu quoi que ce soit avec lui qu'après avoir partagé des choses. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire. Mais je n'ai rien eu le temps de partager avec lui. Rien ne nous a jamais vraiment lié, et je n'ai pas eu le temps de l'aimer. Je me suis contenté d'en avoir envie. Mais pas lui. C'est comme si on m'avait promis quelque chose, et qu'après l'avoir agité un instant sous mon nez, on me l'avait repris.
- Je ne suis pas sûre de bien te suivre...
- Moi non plus, à vrai dire... Mais c'est pourtant ça. Pour aimer quelqu'un, il faut avoir vécu des choses avec lui. Avoir vécu quelque chose ensemble, tu comprends ? Qu'il y ait eu quelque chose de partagé, de réciproque. Aimer ne se conjuge pas au singulier. Pas au sens fort du terme...
- C'est pas faux...
- Alors voilà. Je ne l'ai pas aimé. Eh bien ma foi, tant pis !

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Commentaires
A
"Alors, aimer quelqu'un, ce serait aimer ce que l'on a vécu ensemble, et non pas aimer l'autre..."<br /> <br /> Je n'étais pas encore allée tout à fait jusque là, mais... ça me semble bien vrai, finalement ! :)<br /> <br /> Merci de ton passage !
J
Alors, Aimer quelqu'un.... Ce serait *aimer ce que l'on a vécu ensemble*????<br /> Ce serait donc pas *aimer quelqu'un*?????????<br /> <br /> Du haut de mon demi siècle consommé, je ne suis pas loin de le penser! A vrai dire, c'est ce que je pense! Et pourtant, je suis une Amoureuse, une romantique, une rêveuse...<br /> Paradoxe?<br /> Non...<br /> <br /> Tu touches du verbe un épineux sujet... Et les épines sont toujours utiles aux plantes!<br /> ;-)
Altawabi's blog II
  • Naissance d'un nouveau blog, d'un nouveau chez-moi. D'un nouveau moi ? Non. Jamais. Je suis ce que je suis et ce que je traine derrière moi, hein. Comme toujours. Ça, ça n'a pas changé, et ça ne changera pas. Non, c'est juste que... je déménage.
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