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Altawabi's blog II
16 mai 2007

Sans queue ni tête, ou peut-être que si

"Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, jamais comme un simple moyen." (Ou autre variante de la traduction.)

On apprend ça, en cours de philo.
Et avec ça, on a eu droit à un super beau discours sur l'ouverture aux autres, dont je n'ai à vrai dire pas pu noter grand chose, mais ça m'a bien plu. Je me rappelle avoir eu le sentiment que quelque chose manquait, dans le cours sur autrui qu'il nous avait fait en début d'année, et bien, c'était sans doute ça. Après le désespérant Pascal et la triste dialectique du maître et de l'esclave - oui, je sais, elle se termine bien, mais quand même... elle part d'un constat désagréable -, la morale Kantienne fait malgré tout du bien - enfin, à moi, en tout cas.

Je sais bien que prise à la lettre, elle est incroyablement austère, cette morale - c'était dans le cours, ça aussi -, et même qu'elle a d'autres défauts encore, sur lesquels je ne m'attarderai pas ; mais en la gardant comme un idéal, et justement parce qu'elle est idéale, elle tempère heureusement le réalisme de Pascal - "et Hegel", allais-je dire, toujours dans le cas de sa dialectique du maître et de l'esclave, mais je crois que je vais me garder de parler de réalisme à propos d'Hegel, j'aurais trop peur de dire des bêtises ^^

Une des critiques adressées à cette morale, c'est quelle est vide. C'est vrai je crois, et pourtant, je l'ai sentie plus pleine que certaines autres idées que l'on a pu évoquer au cours de l'année, en philo. Sans doute le discours du prof a-t-il contribué à lui donner, je ne sais comment, cette épaisseur qu'il lui manquait. Mais ce mot-là, vide, je l'ai retenu. Ça n'a rien d'extraordinaire ni peut-être d'intéressant, mais j'ai l'impression qu'il pourrait presque s'appliquer, d'une certaine manière, à la philosophie dans son ensemble. A force de raisonner avec des concepts somme toute plutôt abstraits - tiens, un pléonasme ? -, j'ai parfois le sentiment de sombrer carément dans l'artificiel. Kant a beau dire que "des pensées sans contenu sont vides, des intuitions sans concept sont aveugles", encore une fois ce ne sont que des mots ; le fait est qu'il reste souvent vraiment difficile de relier l'abstrait au concret - à d'autres niveaux je ne sais pas, mais au mien, ça vire carément à la prise de tête ^^. La pensée est une coquille vide - en voilà une critique originale, qui bien évidemment n'a rien d'un préjugé courant à l'encontre de la philosophie ! ^^

Mais si seulement il ne s'agissait que de la philo...
On dirait que c'est partout pareil. Des discours sans fond - ou au fond tellement bien caché qu'il faut vraiment creuser pour l'entrevoir - de nos hommes et femmes politiques, jusqu'aux textes de ce blog et de tellement d'autres, tout m'a l'air faux, ou plutôt, totalement artificiel. Une surface sous laquelle il n'y a rien à voir, toujours cette coquille vide. Et je ne prétends pas que mes mots échappent à la règle.
Je crois que je commence doucement à comprendre ce qu'on me reprochait - ou alors, je suis à côté de la plaque, ce qui est possible aussi - et peut-être même à l'accepter. Une histoire d'artificialité, d'apparences, dont je n'ai jamais fait de calcul conscient, mais qui commence à me sauter aux yeux - quoique ça n'est même pas si nouveau, j'en parlais déjà il y a longtemps. La différence, c'est peut-être une sorte de culpabilité qui s'envole. Pourquoi ? Tout simplement parce que les autres ne font pas mieux que moi.
Et puis, avouons-le, c'est un reproche tellement facile ! La guerre de l'authenticité n'a rien de nouveau ni d'original. C'est un peu le même "procès" que "j'intente" - et avec moi combien de représentants de l'opinion commune - à la philosophie (bon, d'accord, en fait ça n'est pas tout à fait le même, mais cela peut toujours s'assimiler à une histoire de coquille vide.) Et comme enfin de compte on ne sait pas très bien ce que c'est qu'être authentique, on peut être sûr que l'autre, en face, ne saura que dire pour sa défense. C'est pratique. On pourrait presque trouver le moyen de faire ce reproche à à peu près n'importe qui - qu'importe après tout que ce soit fondé, tant qu'on s'en persuade, et que l'autre, en face, faute d'arguments pour contrer un reproche dont on ne peut de toute façon pas vérifier le fondement, souffre bien comme il faut.
Bref...
Je crois pourtant que dans mon cas, le reproche était fondé - peut-être même qu'il l'est toujours un peu. Et je voulais tellement m'en défendre, échapper aux regards et aux critiques, que je m'y enfonçais de plus en plus. Plus on est vague et abstrait, moins l'on vous comprend, et moins l'on peut vous accuser, semble-t-il. Mais plus on est vague et abstrait, plus on reste à la surface.

Vous me direz alors que mon précédent article, par exemple, est vide et inutile. Artificiel. Et, pourquoi pas, celui-ci également. En tout cas, c'est ce que j'en pense. Et combien de blogs que je lis en produisent de semblables. Pour autant, je ne crois pas que j'aie forcément envie d'arrêter d'en écrire, ni envie d'en avoir honte. Ce blog n'est qu'un tissu d'artifices, une surface qui ne cache rien, une futilité d'adolescente paumée. Il n'a aucune valeur, ni même cet article qui le dénonce. Il est, comme la philosophie, une coquille vide. Mais voyez-vous, plus je suis d'accord avec Pascal qui affirme que la philosophie ne vaut pas une heure de peine, plus je suis persuadée que c'est bien cela que je veux faire. Ne me demandez pas pourquoi. Plus je la trouve imparfaite, vide, artificielle, prétencieuse, inutile, et plus je la vois s'efforcer pourtant d'échapper à ces défauts inéluctables, tourner en rond, se fixer le plus solennellement du monde des objectifs merveilleux mais irréalisables, préférer les idées qui l'arrangent, avoir peur, imaginer des choses complètement folles, prendre conscience de ses vices, prendre espoir de s'en débarrasser, désespérer, continuer de lutter sans plus d'espoirs, et finalement toujours se mordre la queue et s'empêtrer dans ses contradictions, plus je vois tout cela, et plus je l'aime. On ne sait trop où la classer, entre les lettres et les sciences humaines, pourquoi pas les sciences tout court. J'ai tendance à croire qu'elle est la plus humaine de toutes les siences, justement pour tout ça. Elle m'amuse et m'attendrit. Mais puisque je suis aussi humaine qu'elle, peut-être que demain, j'aurai changé d'avis.

J'ai une dernière chose à dire. En fait, deux. La première, c'est que j'ai aimé le spectacle d'Ariane Mnouchkine. On peut parler d'émotion facile, ça n'est peut-être pas si faux, et de cliché pour certaines scènes - je suis d'accord. Mais je rejoins jusqu'au bout Diderot qui cherche, dans le théâtre comme dans la peinture ou les autres arts, l'émotion, pourquoi pas jusqu'au pathétique. Quelques scènes trop "cliché" - le transsexuel...- m'ont fatiguée et peu émue. Mais d'autres scènes étaient fortes, et souvent les plus simples. Un divorce sans paroles, une femme qui vend la maison de sa mère, la douleur d'une gamine qui ne veut pas laisser partir sa maman - sur fond, certes, d'un joli cliché de la famille bretonne, mais elle n'était qu'un décors, un arrière-plan, et l'important était ailleurs -, une mère qui joue avec sa fille et s'attache à la faire rire au milieu d'une situation familiale compliquée... Tant de situations bêtes et banales, oh que oui. On peut s'attendre à autre chose pour une pièce d'avant garde, oh que oui. Mais j'en ai assez d'entendre dénigrer ces instants de vie qui, vraiment, je le crois, marquent en profondeur ceux qui les vivent. J'ajouterai que c'est bien une position de philosophe que de se mettre au dessus de de ce genre de choses. Exactement comme c'est une position de philosophe que de dénigrer la psychannalyse - oui, on commence par dire que c'est intéressant, et on finit par dire que ça ne traite que de ce que l'homme a justement en lui de moins humain, comme si l'on possédait, parce que philosophe, LA réponse quand à la définition de l'humain. Alors oui, j'en ai assez d'entendre dénigrer ces instants de vie, et j'ai plaisir à leur voir donner une place dans une pièce comme celle-ci. Je n'ai pas aimé la totalité des scènes, et certaines étaient, véritablement, lourdes. Mais d'autres m'ont parues plus réussies et pertinentes. Et pour celles-là, je peux dire que j'ai aimé la représentation. Car je crois vraiment que si l'on savait mieux prendre en compte l'impact que ce genre d'événements apparemment banals peuvent avoir sur la vie intérieure des gens, au lieu de les dénigrer de la sorte, et bien, je vais certes encore dire une banalité, mais peut-être que le monde irait moins mal.

C'était la première chose. La deuxième, c'est que je sais très bien que la propagande est une vilaine chose et que diaboliser notre nouveau président de la République n'est ni constructif ni intelligent, même et surtout dans le cas où l'on serait opposé à ses idées et où l'on voudrait les combattre. Ça n'empêche que ce fichier son trouvé par hasard sur radioblog m'a bien fait rire (enfin au moins au début, parce qu'après on ne peut nier qu'il y ait des longueurs ^^), et qu'il n'est pas interdit de s'amuser de temps en temps. Je précise que j'ai tout à fait conscience que le discours et entièrement reconstitué, et que je n'adhère pas forcément à toutes les critiques qu'il contient à l'égard de monsieur Sarkozy (!)
Mais je suis bien entendu ouverte à la discussion si jamais quelqu'un avait des remarques à ce propos, ou à propos d'autres choses d'ailleurs.



Je vous souhaite une bonne nuit, en vous demandant pardon pour les inévitables fautes de frappe, d'orthographe et de français, et en espérant ne pas avoir raconté trop de conneries, parce que quand même, il est tard.

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Commentaires
G
D' accord ! Merci je n' aurais pas besoin de frauder ! =D
A
JT >> "Question politique, force est de constater que le gout du pouvoir mis sur la table avec tant de sincérité et d'obstination par le nouveau président avait presque un côté émouvant de mon point de vue..." Cette phrase me parle. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle ! (Comme quoi, si tes mots ne font peut-être pas avancer l'humanité, il peuvent au moins prétendre faire avancer les rouages de ma petite cervelle ^^) Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris la suite de ton commentaire par contre... En tout cas, merci de ton passage !<br /> <br /> Gaetan >> Après un commentaire comme celui-là, tu as au moins droit à un billet gratis... ^^ Au plaisir de te relire !
V
Si les mots faisaient avancer... l'Humanité serait déjà loin.<br /> Les idées... les actes; deux pas en avant... un pas en arrière... <br /> ça avance quand même, mais bon... comment dit-on au fait ? ah, oui, un train de sénateur ? ! cqfd
G
Je ne te parlerais pas de philosophie ou que sais-je encore...<br /> Je te dirais seulement qu' il y avait un moment que je n' avais plus fait de voyage dans ce blog... Et que ce p'tit séjour de quelques minutes voire même heures - je ne sais pas exactement, le temps passe incroyablement vite - m' a beaucoup plu... J' espere que le billet d' avion pour se laisser divaguer dans ton imaginaire n' est pas trop cher ! =D<br /> A l' avenir je passerai plus de temps ici ! =)<br /> <br /> A bientôt.
J
Question politique, force est de constater que le gout du pouvoir mis sur la table avec tant de sincérité et d'obstination par le nouveau président avait presque un côté émouvant de mon point de vue...<br /> Car si comme vous le soulignez, la plupart des phrases sont vides de recettes pratiques directement applicables (en philo comme en religion ou en politique), le pouvoir est un mot vide de sens pour celui qui cherche à l'acquérir... Comment dire? Par analogie au sport peut-être.... Monter sur la première marche d'un podium national est un rêve que beaucoup caressent... Un seul chaque année savoure l'altitude et en redescend très vite. Un président va devoir s'y coller pendant cinq longues années... J'aimerai pas être à sa place!<br /> Que fera t-il de la haut? L'avenir seul nous permettra de juger, et encore.... Parfois les jugements évoluent avc l'histoire qui passe....<br /> <br /> Voilà encore des mots qui ne font pas avancer... Pardon
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