Moi je n'ai jamais su

Si je ne suis pas jeune maintenant, alors quand ?

Mais on n'a plus le temps d'être jeune, ou c'est toute notre vie qui s'en ressentira, disent-ils.
Non, de nos jours, les jeunes se doivent d'être adultes.
Sinon, ça n'est pas bien.

Le monde entier nous emporte dans son fatalisme. Se plier à la réalité.
C'est que, comprennez, on ne pourra jamais la changer.
Et l'utopie, c'est démodé. Ravalé au rang du conformisme, parce que trop adolescent.
L'adolescence est démodée.

Et la jeunesse, on a oublié ce que c'était.
Si jamais on l'a su.

Comments

[elleber]

D'accord avec toi!
Mes enfants sont de cette trempe là et je les encourage car ce qu'ils ne vivront pas maintenant sera *perdu*... J'ignore ce qu'ils peuvent entendre au dehors, mais il savent à quel point je m'insurge quand j'entends des parents dire à leur jeune diplômé: alors, maintenant il te reste à trouver du boulot et à acheter un appart à crédit!
Moi, je leur dit *vivez*, la *sécurité* est une histoire de vieux!
Entre folie et raison, il survivent entre galères et extases...
Parfois je me demande quand même si le cadeau est beau ou non....
Pas facile de choisir un camp...

[altawabi]

Bonjour Elleber,

Je comprends bien ta réaction.
Mon "plus" est certainement de trop, sans doute aurais-je dû écrire "pas" - après tout, que sais-je du passé.
Evidemment qu'il n'y a pas à regretter les progrès des droits de l'enfant ; heureusement que les enfants ne travaillent plus comme des adultes... Tu as bien raison de le rappeler.

Mais si l'enfance demeure chez toi, je ne suis pas persuadée que ce soit le cas chez la majorité des gens. Pour citer une référence incontournable, "Ce n'est pas important la guerre des moutons et des fleurs ?"...

Enfin, finalement, ma question n'est même pas là. Je n'ai jamais voulu parler d'enfance, mais bien de jeunesse - pour moi, ça n'est absolument pas la même chose, je crois saisir en te lisant que tu les distingues aussi.
Et ce que je veux dire, c'est que j'ai le sentiment qu'on nous demande - peut-être un peu trop - à nous autres adolescents de réfléchir comme des adultes - que nous ne sommes pas.
Ça n'est pas vrai dans tous les cas - on sait aussi nous prendre pour des imbéciles, d'où la situation inconfortable entre les deux rives.
Mais j'ai tellement entendu traiter de "petits cons" les jeunes qui manifestaient contre le CPE, qui votent extrême gauche, ou même plus simplement qui choisissent - et c'est mon cas - des études littéraires qui offrent peu de débouchés ; tellement entendu dire que ces jeunes-là sont "complètement immatures" ; tellement entendu même entre jeunes cette insulte surprême de "gamin", que... j'en ai assez.

S'il faut être "réalistes" tout de suite, voter à droite parce que soit-disant ce sont les seuls capables de faire fonctionner l'économie correctement (affirmation qui n'est d'ailleurs, j'en ai la certitude, qu'une pure connerie - il suffit de savoir lire et de chercher à se renseigner un peu sur le sujet), s'il faut éviter à tout prix les filières qui présentent peu de débouchés - parce que, vous comprenez, il faut être réalistes, on peut pas vivre sans emploi, alors, il faut aller là où il en a -, si même à 18 ans on est tenu de réfléchir de cette manière, alors, qui donnera sa voix aux utopies qui sont seules capables de nous rappeler quels idéaux sont les nôtres, et vers lesquels nous voulons tendre ? Alors, qui serait là pour insister à garder vivantes la philosophie, la littérature, la culture classique, et tant d'autres richesses qu'un "réalisme" à la mode oublierait parce qu'"inutiles" - inutiles pour la bonne marche de l'économie ? Alors, qui serait simplement là, sinon ces jeunes, pour rappeler que l'économie n'a justement pas à être un but en soi, mais qu'elle n'a de raison d'être que si elle est au service du bonheur des hommes ?...

QUI ?

On ne peut certes pas se contenter de vivre d'utopies et d'idéaux. Mais on ne peut pas plus se contenter de vivre de réalisme - et du fatalisme qui, aujourd'hui, va avec.

Il faut des deux. Et il me semble que c'est bien le rôle de la jeunesse que de maintenanir vivant un idéal - de qui d'autre ?

"Sans idéaux", a dit un jour mon vénéré (^^) professeur de philosophie, "on se vautrerait dans la médiocrité." - banal, finalement, mais peut-être trop oublié.

...

Bonne continuation à toi.

[elleber]

Il n'y a pas si longtemps que les enfants sont habillés en *enfant* plutôt que comme de mini adultes... Il n'y a pas si longtemps que les enfants de France ne travaillent plus dès 14 ans (de vrais boulot, comme les adultes)... Il n'y a pas si longtemps que les enfants sont reconnus avec des droits d'enfants...
Et alors, il y aurait à regretter un temps ou les enfants n'étaient pas encore pris pour des adultes...
Pardonne mes propos, Altawabi... Je suis sans doute un peu vieille, mais je suis certaine que l'enfance est/reste/demeure en nous.
J'ai chaque jour des envies de tout bousculer, de tout rebeller et je le fais souvent! Au diable les adultes!
Les enfants, puis les jeunes n'ont peur de rien, surtout pas d'entreprendre!... C'est ce qui fait la différence avec les *adultes* qui s'enferment dans les peurs jusqu'à s'encrouter et moisir!
Et puis, j'ai découvert un truc: le bien, le mal est une histoire de peur.... Je préfère considérer LE JUSTE!

Bon courage à toi pour la traversée