Il faisait froid ce mois me semble-t-il

La mer était grise. Un peu verte.
C'est bizarre, j'avais l'impression que là-bas, elle ne pouvait être que bleue. Incroyablement bleue.
Elle était grise aujourd'hui.

Il y avait du vent, de l'écume. Un peu. Pas trop non plus. Des milliers de petits creux et de petits sommets neigeux. Petits.
Quelques bateaux, attachés là, qui tanguaient, doucement.

"Un jour je prendrai la mer" lui disait-elle. Un jour, la mer. L'horizon. Le ciel, la mer. Plus rien d'autre. Aller droit devant. Vers nulle part. Vers la mer. Vers l'horizon. Aller. Droit devant.
Loin, loin...

La mer.

"Un jour je prendrai la mer", lui disait-elle.
Un jour, la mer.

Il y avait du vent cet après-midi.
Il y avait du vent, on marchait au bord de l'eau, sur ce chemin de toujours, ce chemin de jamais. Les racines depuis longtemps sont devenues mes alliées sur ce chemin. Je buttais dedans, j'ai appris à les connaître ; elles sont les marches de mon escalier, elles guident mes pas et m'aident à avancer.
Il y avait du vent mais on a vite eu chaud, à marcher là, au bord de l'eau. C'était bon de respirer l'air de la mer. Respirer. Respirer pour toujours, repirer pour jamais. Sur ce chemin. Sous le vent.

Et l'eau qui s'écrase sur les galets en bas, l'eau devenue blanche, le sable triste, les galets.
C'est comme un trésor. Il suffit d'ouvrir les yeux.

"Un jour je prendrai la mer", lui dira-t-elle.
Elle ne la prendra peut-être jamais, mais elle le lui dira quand même.
Peut-être qu'il n'écoutera pas.