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Altawabi's blog II
25 septembre 2006

Paupières refermées



C'est bon de se lever le matin juste pour se lever.
Aller au lycée alors qu'on n'a pas cours. Pas tout de suite. Juste se lever, marcher dans le matin sans sentir encore ce poid (oh, léger, mais tout de même) dans l'estomac : non ! Je vais au lycée, mais pas en cours, pas tout de suite ! J'ai encore une heure de liberté devant moi...
Et j'en profite, de cette heure. Je la vois vraiment passer. Je ne me dis pas : ah ! Je peux encore dormir une heure ; je ne repose pas la tête sur l'oreiller pour la relever il me semble une seconde plus tard. Non : je la regarde passer, tout à fait éveillée, minute par minute, seconde par seconde ; je la savoure ! Je marche dans le petit matin, je monte dans le bus, je m'installe au CDI. Tranquillement. Une petite heure de liberté.

Après il y a les pensées de la journée.
Oui, les cours aussi, mais les cours, ça ne se raconte pas, ce n'est pas intéressant à raconter.
Ou alors, il y a le simple fait d'aller en cours tout simplement. C'est ça, se lever le matin, suivre des horaires. La routine. Mais j'aime ça, finalement. Oui, j'aime ça. Je veux avoir une routine dans ma vie. Ce n'est pas une prison après tout. C'est un cadre. Il paraît que c'est au sein d'un cadre que s'exerce la liberté, toujours. Je ne sais pas très bien comment on explique ça, mais je crois que c'est vrai. J'en ai l'impression. Je me sens plus libre dans cette routine qu'enchaînée à ma paresse, quand j'ai le temps et l'occasion de faire ce que je veux. Le temps et l'occasion de ne rien faire... Oh ! Il y a un temps pour ne rien faire, biensûr, ce n'est pas forcément du temps perdu ; mais ne rien faire, jamais, de façon continue, se laisser aller continuellement, c'est presque se laisser mourir, c'est insuportable, c'est se noyer dans un verre d'eau.
Non, la routine m'a aidé, elle m'a rendu le sourire. La routine et la vie en communauté, au lycée. Les gens autour, les profs même, les visages. La "nourriture intellectuelle", aussi. Et puis la routine.
C'est vrai que j'aime ça. La routine, c'est fait pour être brisé je crois ; mais si elle n'existe pas, on ne peut pas la briser, justement. Briser la routine a une valeur justement par constraste ponctuel, par sursaut extraordinaire. Mais c'est toujours ça : pour qu'il y ait extraordinaire, il faut qu'il y ait d'abord ordinaire. Et puis, elle ne doit pas être brisée trop souvent, non plus : si la cassure est trop fréquente, elle en devient, elle aussi, ordinaire...
C'est pour ça aussi je crois que j'aime la routine. Parce que sans elle, pas d'extraordinaire...
Elle m'a sorti la tête de l'eau.
Elle et d'autres choses.
Parfois j'ai le sentiment de m'être agripée à d'autres choses, des choses qui étaient juste là pour me sortir la tête de l'eau, elles aussi. Qui n'ont pas d'autre valeur, en fait... peut-être que je dois les oublier ? Je ne sais pas. Non ! Les garder dans un coin comme des choses qui m'ont été, un temps, un appui. Les chérir, pour cela, leur être reconnaissante. Mais ne pas en faire quelque chose d'essentiel à ma survie. Non. Non.
Ces choses je crois c'était une musique, et puis des mots peut-être. Parfois j'ai le sentiment que cette musique n'est pas la mienne. Pourtant je l'aime. Comment dire. J'avais écrit un jour que tout se terminait dans la rue du temps. Peut-être ?
Je crois maintenant que la rue du temps était un chemin, elle et tout ce qui va avec. Au bout de la rue il y avait une ville. Une vie...?
J'ai dansé au milieu de la foule, j'ai rêvé d'une valse nouvelle, jumelle d'un souvenir peut-être. J'ai écouté de la musique, encore et encore, toujours. J'ai fui dans la musique. Cette valse, ah, cette valse... Cette valse c'est encore la mienne, elle a ses racines très loin en arrière, dans un temps oublié. J'y penserai peut-être chaque fois. Peut-être que chaque fois j'emprunterai cette même rue, celle du temps, pour sortir de l'ombre. Et dans cette rue il y aura l'accordéoniste, et la valse à danser sur les pavés. Cette rue c'était réapprendre à rêver, à danser, c'est ça. Réapprendre des choses oubliées. Et puis je crois encore, personne ne pouvait vraiment m'y accompagner, c'était ma rue, je crois. Même pas celle de la chanson. La mienne.
Je n'ai pas eu ma valse ! Pas vraiment, juste en rêve, juste à moitié, juste seule, sans cavalier.
Est-ce que je dois la chercher encore ? Je ne sais pas. Pas à tout prix. Non, surtout pas. C'était la rue, maintenant je dois déboucher sur la ville. Mais comment savoir, comment savoir que la rue prend vraiment fin. Il faut un signe. Croiser l'écriteau qui porte le nom de la ville. Peut-être faut-il un guide. Peut-être pas. Serrer la main de l'accordéoniste ? Voir son visage, cette fois ? Ou danser vraiment cette valse... Qui sait. Peut-être faut-il simplement décider d'en sortir. Je ne sais pas, je ne sais pas. J'aime aussi cette rue. Je l'aime aussi.

Tiens, j'ai remarqué que je n'ai rien posté le jour du 22. J'avais réalisé d'un coup il y a quelque jours que ça ferait six mois ce jours là exactement. Les diables en pierres. Décrocher les nuages. J'ai l'impression que c'était hier. Mais finalement, tant mieux si je n'ai rien écrit. Tant mieux ! Ce n'est pas important. L'important c'est ça : que ce n'est pas important.

Maintenant il y a ces jours à cueillir. C'est ça l'important, le vrai, peu importe où est le bout de la rue précisément, peut importe même cette rue.
J'ai parfois le sentiment que dans mes amours, il y a toujours eu quelque chose de trop. Pas quelque chose qui dépasse clairement, une branche qu'il suffit de couper ; quelque chose qui fait corps avec tout le reste, quelque chose de profondément intégré au sentiment, qui est, non pas de trop ou en trop, mais qui est trop. Je ne saurais pas dire quoi. Parfois je dis "j'aimais trop" mais non ce n'est pas ça. C'est un trop mais ce n'est pas ça. Quelque chose d'indéfinissable et peut-être de malsain. Quelque chose de mauvais. Quelque chose d'infime, hein, je ne veux sûrement pas tout réduire à ça, au contraire. Mais comme une poussière dans la pureté. Et quî gâche tout. Quelque chose qui n'a pas lieu d'être, qui salit le sentiment.
Toujours, sauf une fois. Une fois je n'ai rien vu de tel. Une fois c'était l'enfance, c'était l'innocence, c'était un rayon de lumière emprisonné sous quatre paupières, c'était blanc, immaculé. C'était simple, simple et pur je crois. Et c'est là qu'il faut comprendre. Il ne s'agit pas de rêver, de voir des choses qui n'existent pas, bien au contraire. Bien au contraire ! Ce sont les autres amours qui sont dans ce cas, pas celui là. Les autres, ce trop c'était peut-être quelque chose comme ça. C'était peut-être vouloir trop, attendre trop, espérer trop, ou trop de choses trop précises. De rêver trop. Je ne sais pas, non, ce n'est pas tout à fait ça. Mais celui-là, c'est tout le contraire. C'est pur, c'est beau parce que c'est simplement vrai. Vrai, c'est ça. C'est tout le contraire de l'imagination. C'est les choses simplement pour ce qu'elles sont, et c'est ça qui en fait le vrai, le pur, le beau. L'innocence je disais. C'est ça.
Je me souviens, d'un coup ça me saute aux yeux. Ça me saute aux yeux dans la cour du lycée, ou dans un couloir. Une chanson pour un sourire, hein. Alors d'un coup je me dis que peut-être... peut-être ? Ah, qui sait. Qui sait, après tout. Qui sait.

...

[Musique : cette chanson-là, parce qu'elle ne m'a pas lâchée de la journée. Parce qu'elle a bercé tout ça.]

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Altawabi's blog II
  • Naissance d'un nouveau blog, d'un nouveau chez-moi. D'un nouveau moi ? Non. Jamais. Je suis ce que je suis et ce que je traine derrière moi, hein. Comme toujours. Ça, ça n'a pas changé, et ça ne changera pas. Non, c'est juste que... je déménage.
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